Le Général Ferrand, (Jean Henri Bécays Ferrand de la Caussade) commandant de la place de Valenciennes rallie cette armée mal équipée, galvanise les hommes et place les troupes de Dumouriez à Marly lez Valenciennes, Aulnoy lez Valenciennes et sur le Mont Houy à Famars. Il organise la défense de Valenciennes, rassemble et motive les déserteurs et les soldats de la garnison .Total 9500 hommes. Il fait rentrer rapidement les foins et les animaux, fait saisir les chevaux des particuliers pour tenir un siège.
Vauban au siècle précédent avait estimé que la place de Valenciennes pouvait tenir un siège de 6 semaines maximum (mais l’armement a beaucoup évolué depuis).
-Le 9 Avril les coalisés entrent sur le territoire Français et menacent Lille, Condé, Valenciennes et Maubeuge.
York installe son quartier général à Estreux(à l’Est de Valenciennes)
Ferraris , commandant des travaux de siège s’installe à Onnaing (au Nord de Valenciennes).
Les bois de Raismes, Hasnon, Vicoigne sont pris par les confédérés.
Les camps de Bruille, Maulde, St Amand sont occupés
Un tiers de Valenciennes est déjà entouré par une circonvallation depuis le village de St Saulve jusqu’à ceux de Trith, Fontenelles, Préseau.
Du coté Français la trahison de Dumouriez et de sa marche avortée sur Paris force la convention à réagir, l’armée se réorganise, de nouvelles troupes sont levées, environ 300 000 hommes .Les commissaires nommés par la convention ont tout pouvoir, ils deviennent les arbitres du sort des généraux qu’ils font monter aussi facilement sur un char de triomphe que sur un échafaud.
- Douze d’entre-eux rejoignent l’armée du Nord.
-12000 hommes sont envoyés à Cassel et une autre division de 12000 hommes à Lille.
Le Marquis Auguste Henri Marie PICOT de DAMPIERRE simple enseigne aux gardes en poste à Le Quesnoy devient Général en Chef de l’armée du Nord, il remplace Dumouriez .Son armée ne comprend alors que 30 000 hommes, il a pour mission de défendre Condé et Valenciennes. Du 5 au 20 Avril avec l’aide des députés de la convention il réorganise son armée devant Bouchain pour être assez éloigné du Prince de Cobourg
-Le 20 Avril Dampierre ramène son armée à Famars sur le Mont Houy , position stratégique entre l’Escaut et la Rhonelle. Sa position domine Valenciennes et les deux vallées. Ses canons sont placés à l’abri de ce que l’on nomme à l’époque « Camp de César » mais qui sont les murailles du castrum gallo-romain dont il reste encore quelques vestiges à notre époque.
Cette préparation en vue d’une offensive redonne espoir aux troupes de la Nation,
A Famars, Dampierre est pressé par les commissaires de la convention de mener une opération audacieuse mais risquée pour débloquer Condé sur Escaut .En fait il s’agit avec 30 000 hommes découragés, mal équipés d’affronter les 45 000 alliés (certaines sources disent 80 000) . Dampierre, d’abord réticent compte jouer sur l’effet de surprise et sur la dispersion des divisions de l’ennemi.
-Le 1° Mai l’attaque générale est lancée,: Dampierre a formé 2 colonnes dans le but d’attaquer les troupes de Cobourg sur une ligne reliant Sebourg à St Amand et débloquer Condé en même temps.
Etat des lieuxD’abord les confédérés
-York est à Tournai(B) à 30km de Valenciennes.
-Le prince Cobourg est à Onnaing (à quelques km au Nord-est de Valenciennes) depuis deux jours.
-Les Hollandais sont entre la mer du Nord et la Lys.
-Clairfayt occupe Raismes et Vicoigne près de St Amand les Eaux.
-Les Prussiens occupent les alentours de St Amand les Eaux
-l’ensemble des troupes suivantes forme, du Nord au sud de Valenciennes, un arc de cercle.
*le corps d’armée de Clairfayt est positionné à Escaupont entre St Saulve et Condé
*Le gros de l’armée Impériale sous les ordres de Ferraris, Colloredo, Benjowski se trouve entre St Saulve et Rombies
*Le centre du dispositif (St Saulve, Curgies, Estreux) est renforcé par les troupes légères du Général Otto.
-Le Prince de Wurtemberg bloque Condé.
-Latour et Reuss tiennent Bavay et observent la place forte de Maubeuge.
Les confédérés se préparent au siège de Valenciennes.
L’armée du Nord (sous les ordres de Dampierre)
-Il est 4H00 du matin, ce 1er Mai , les Français vont attaquer l’armée Impériale sur toute la ligne,
-Quelques 2000 hommes viennent en renfort de la place forte du Quesnoy en se dirigeant vers Jenlain.
-Une division de l’armée des Ardennes commandée par le général Lamarche se dirige vers Curgies et Saultain
-Depuis Famars Dampierre envoie une colonne sur la rive Droite de l’Escaut vers St Saulve et Onnaing.
L’autre colonne vers Vicoigne , Raismes et St Amand , les postes intermédiaires Hasnon et Orchies étant chargés de faire des diversions.
-Le général Lamarlière déplace une partie de ses troupes de Lille vers St Amand pour contenir l’armée Prussienne.
Les événements de cette journéeL’ensemble de ce dispositif, jugé incohérent par la suite, (il eut été préférable de rassembler les ¾ de l’armée et d’affronter un seul corps d’armée en sachant que l’Escaut divisait naturellement les troupes ennemies.) tourne rapidement au désastre.
-Lamarlière avec ses 13 000 hommes se cantonne aux ordres reçus « contenir l’armée Prussienne dans leur camp de Maulde », il perd ainsi l’occasion d’anéantir cette division qui ne comptait que 4 000 hommes !
-La première colonne lancée par Dampierre vers Condé (le long de l’Escaut rappelons-le) est rapidement bloquée par le général Ferraris
-Le comte de Collorédo en seconde ligne est averti de l’avance du général Lamarche vers Curgies et Saultain, Il se dirige vers lui et l’oblige à repasser la Rhonelle et rejoindre son camp.
-La garnison de Valenciennes commandée par le général Ferrand, positionnée sur les hauteurs du moulin du Roleur est attaquée par le général Ferraris, elle rentre précipitamment à couvert derrière les remparts de la ville.
-L’autre Colonne envoyée par Dampierre vers Vicoigne et St Amand, après avoir forcé les avant- postes est rapidement attaquée par le corps d’armée de Clerfayt aidé des Prussiens. Elle se replie vers la position d’Anzin devant les remparts de Valenciennes.
-La percée fulgurante de Dampierre vers Condé est vite stoppée, le centre de sa première colonne ne peut soutenir le feu des batteries Autrichiennes et après de durs combats il en est réduit à se retirer dans son camp de Famars pour ne pas être encerclé.
Cette journée, était nécessaire pour remonter l’honneur et la confiance des troupes. L’armée du Nord passait enfin à l’offensive, Les assiégés de Condé et de Valenciennes reprenaient espoir.
Que fait Dampierre ? Il veut attendre des renforts pour renforcer son armée, ils lui sont promis, il vient de perdre 2000 hommes aujourd’hui dans cette attaque, mais le gouvernement ne l’entend pas de cette oreille, les commissaires de la convention sont inflexibles : Il faut reprendre Condé .(Place forte en première ligne du pré- carré) .Contraint d’obéir il décide de préparer une nouvelle attaque pour le 8 Mai 1793.
-Le 8 Mai.Dans l’ensemble les mêmes tentatives sont lancées pour reprendre Condé. Dampierre contourne Valenciennes par l’ouest, après quelques succès vers Raismes, (ses troupes sont sur le point d’entrer dans Raismes) il est convaincu que le succès de la bataille dépend de cette prise. Mais les Autrichiens débouchent de ce village, Les Français subissent de lourdes pertes, soutenus par des renforts du Général Hédouville, ils repartent à l’attaque mais sont stoppés net par les troupes de Clairfayt et Weneken. Chacun reste sur ses positions.
Dampierre, opiniâtre, est vraiment persuadé que l’issue de la bataille dépend de la prise des deux redoutes de Raismes, il se met à la tête de 8 bataillons .Ils franchissent quelques abattis près du bois de « Bonne Espérance » (abattis : obstacle constitué des branches d’arbres étendus en rangs, avec les dessus affilés dirigés à l’extérieur vers l’ennemi déf : Wikipedia) quand un boulet lui emporte la cuisse droite .
Cet événement malheureux refroidit les ardeurs, les troupes se débandent, Le général Lamarche prend le commandement de l’armée et juge en accord avec les républicains de faire retraite en bon ordre sur Famars pour protéger Valenciennes et soutenir Condé dès qu’ils en auraient l’occasion.
Le général Lamarlière reçoit l’ordre de se replier sur Lille.
Le général Dampierre est emmené à Valenciennes pour tenter une amputation des lambeaux de sa cuisse droite, mais il décède des suites de l’opération le lendemain matin 9 Mai 1793.Il est inhumé près de son camp de Famars. On peut en retrouver l’emplacement sur une carte du cadastre de 1830 tracée quelques années après ces événements.
On lit dans le dictionnaire Rouchi-Français cette phrase « Le général Dampierre a été enterré sur le Mont Joui (ou mont de Jupiter).On a longtemps respecté 5 arbres plantés sur sa tombe ».
Quel est le plan du Prince de Cobourg ?Il se dit que Condé sera bientôt prise, le blocus de la place déjà en manque de vivres, conduira prochainement à sa reddition. La prise d’une place intacte sera d’un grand intérêt pour servir de dépôt aux alliés.
Il décide d’entreprendre le siège de Valenciennes .Valenciennes prise, le pré- carré sera enfoncé, il lui suffira de fondre sur Paris, mais l’épine au pied de ce projet c’est l’armée du Nord installée à Famars sur le Mont Houy .Bien campée derrière ses redoutes, celles d’Aulnoy, Artres et de Marly . Positionnée entre les Vallées de La Rhonelle et de l’Escaut et dominant Valenciennes.
Les confédérés voient arriver un renfort de 12 000 Hanovriens, l’attaque est fixée au 23 Mai.
Le gros de l’armée attaquera Famars, les autres corps se porteront sur Armentières, et Orchies. Les Prussiens attaqueront Hasnon, Clerfayt se portera sur Anzin, Colloredo fera diversion devant Valenciennes.
-23 Mai 1793 ,
2H00 du Matin ,dans le brouillard, les troupes de Cobourg et de York se dirigent vers Famars par l’Est mais se heurtent rapidement aux redoutes avancées d’ Aulnoy sur l’autre rive de la Rhonelle. La forte résistance de l’artillerie Française oblige Ferraris à faire appel aux 7 bataillons d’Abercromby, l’attaque dégénère rapidement en canonnade qui se poursuit jusqu’à la nuit et la prise de la position.
Simultanément les avant-gardes d’Anzin sont menacées par Clerfayt mais résistent.
Les troupes Autrichiennes et Anglaises sous les ordres du duc d’York se voient contraintes de contourner Artres et de passer la Rhonelle à Maresches. C’est alors que York décide d’arrêter son avance avant la tombée de la nuit, ses troupes sont épuisées, son chef d’état major est légèrement blessé et puis la victoire leur est sûrement acquise, on peut attendre le lendemain pour attaquer Famars. !
-23 Mai 1793 , 16H00
Profitant de cette accalmie le général Lamarche (Commandant de l’armée du Nord) rentre à Valenciennes et rencontre les commissaires du peuple et le général Ferrand (Commandant de la place de Valenciennes).Le constat est simple :il est impossible numériquement de tenir le camp de Famars, il faut sauver l’armée du Nord du désastre et par conséquent laisser Valenciennes à son sort.
Il est certain que la ville sera investie ce soir ou demain matin. Ferrand obtient de Lamarche un renfort de 17 bataillons mais pas les meilleurs. Il est décidé que l’armée du Nord se replie entre Bouchain et Cambrai.
-Nuit du 23 au 24 Mai.
Les camps de Famars et d’Anzin sont évacués sans perte. York se réveille devant un camp vide et l’occupe.
La bataille de Famars est terminée, le siège de Valenciennes va commencer.