Ordres de Batailles
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Ordres de Batailles

Les ordres de batailles des guerres de la révolution et napoleoniennes
 
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 1795 Juillet 21 - Quiberon

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PaquitoSan
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MessageSujet: 1795 Juillet 21 - Quiberon   1795 Juillet 21 - Quiberon EmptyVen 2 Mar - 6:58

Ordre de bataille Emigrés

Comte de Puisaye - commandant en chef

1° Division : d'Hervilly
- Régiment Royal-Marine (ou d'Hector) [1 bataillon - 700 hommes]
- Régiment d'Hervilly (former Royal-Louis) [2 bataillons - 1318 hommes]
- Régiment Loyal-Emigrants [1/2 bataillon - 200 hommes]
- Régiment du Dresnay [1 bataillon - 560 hommes]
- Artillerie de Rotalier [20 canons - calibre 6 - 566 hommes]
- Engineers [1 compagnie - 18 hommes]
- Hussards de Warren [1 escadrons - 60 hommes]

2° Division : Sombreuil
- Régiment de Périgord [1 bataillon - 150 hommes]
- Régiment de Rohan [1 bataillon - 875 hommes]
- Régiment de Salm [1 bataillon - 150 hommes]
- Régiment de Béon [1 bataillon - 234 hommes]
- Régiment de Damas [1 bataillon - 666 hommes]


Ordres de bataille Vendéens*

Comte de Puisaye - commandant en chef


division Tinténiac
Artillerie [8 canons]
Cavalerie Noble [? escadron - 300h]
Bataillon d'Auray (=garde nationnale cocarde blanche) [1 bataillon - 500h]

brigade Cadoudal
Unité de permanent [1 bataillon - 500h]
sans armes [2 bataillons - 1500h]
Unité de tirailleurs [2 compagnies - 300h]

brigade Mercier
Unité de permanent [1 bataillon - 500h]
sans armes [2 bataillons - 1500h]
Unité de tirailleurs [2 compagnies - 300h]


division Bois Berthelot
"Moutons noirs" [300h]

brigade D'Allègre
Unité de permanent [1 bataillon - 500h]
sans armes [2 bataillons - 1500h]
Unité de tirailleurs [2 compagnies - 300h]

brigade Jean Jean
Unité de permanent [1 bataillon - 500h]
sans armes [2 bataillons - 1500h]
Unité de tirailleurs [2 compagnies - 300h]


division Vauban
"Marchands de cerises" [300h]

brigade Lantivy
Unité de permanent [1 bataillon - 500h]
sans armes [2 bataillons - 1500h]
Unité de tirailleurs [2 compagnies - 300h]

brigade St Régent
Unité de permanent [1 bataillon - 500h]
sans armes [2 bataillons - 1500h]
Unité de tirailleurs [2 compagnies - 300h]


Renforts britanniques **
Major-General W. Ellis Doyle - Commandant en chef
78° Highlanders
12° Foot Regiment
80° Foot Regiment
90° Foot Regiment



*L'organisation des vendéens est respectée mais leur contenu est hypothétique. On compte 12 à 15.000 vendéens suivant les sources et un bataillon de garde nationnale dans le fort de Quiberon se rendra prennant le nom de bataillon d'Auvray, puis rechangera de camp lorsque les républicain vaincront l'armée émigrés/vendéens[i]
** Les renforts britanniques ne sont pas intervenu lors de la bataille
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PaquitoSan
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MessageSujet: Re: 1795 Juillet 21 - Quiberon   1795 Juillet 21 - Quiberon EmptyVen 2 Mar - 6:59

LA CATASTROPHE DE QUIBERON


Après la désastreuse retraite de l'armée York, les débris de la plupart des régiments émigrés se sont retrouvés en Angleterre qui elle n'a pas désarmé. Belgique, Pays-bas et Hanovre sont perdus ? Soit, on portera la guerre sur le sol Français ! Le comte de Puisaye travaille sur un projet d'expédition sur les côtes de l'ouest pendant huit mois. II convainc finalement le ministre Pitt qui met à sa disposition navires, équipements, armes et argent. Quand aux hommes, pas de soldats Anglais, les émigrés vont reprendre du service. Leurs unités ayant été sévèrement décimées, on va donc entreprendre de les réorganiser et d'en augmenter les effectifs. Les volontaires émigrés, nobles ou roturiers, sont encore nombreux mais ne suffisent pas. De plus le temps presse, les Anglais ne seront peut-être pas aussi bien disposés très longtemps (l'opposition au projet est forte).
Le comte d'Hervilly lève son régiment en 1794. II est largement formé de réfugiés Toulonnais et des débris du Royal-Louis ayant fuis la ville (400 soldats). On ajoute à ces 7 ou 800 hommes environ un demi-millier de prisonniers Français. Marins de guerre ou de commerce, soldats extirpés des pontons Anglais un peu trop facilement. Leur comportement ira de la franche trahison au sacrifice suprême. En juin 1795, 80 officiers et 1238 soldats sont sur le pied de guerre.
Le regiment Du Dresnay (ou de Léon) est formé à Jersey en 1794 autour d'un fort noyau d'officiers de marine Bretons et de gentilshommes. La encore, pour étoffer, on recrute des prisonniers, si possible natifs de Bretagne. Dans l'ensemble, leur tenue au combat sera mauvaise. En juin, l'unité compte 600 hommes.
Rotalier (ou Royal Artillerie) regroupe de nombreux Toulonnais, des marins de commerce, des ex-officiers, des gentilshommes et quelques prisonniers. II rassemble 600 hommes et 10 canons. Cette unité se distinguera par sa discipline et sa cohésion. II est vrai que le comte de Rotalier sera le seul colonel à accompagner son régiment dans l'expédition. Les autres restant en Angleterre pour une sombre histoire d'ancienneté de commandement.
Hector (ou Marine Royale) compte 700 hommes, là encore, marins, officiers, Toulonnais et
prisonniers.
Loyal-emigrant et ses 250 vétérans complètent le 1er échelon de l'armée d'invasion commandée par Puisaye et D' Hervilly.
On formera une petite unité de cavalerie, les hussards de Warren (63 hommes) ainsi nommés
en l'honneur du commandant Anglais de la flotte, l'amiral Warren.
Un second corps est prévu sous les ordres du Comte de Sombreuil et se compose:
Du régiment de Rohan, ou plutôt d'une partie car son chef refusant de servir sous Sombreuil a rejoint l'Autriche avec beaucoup de ses soldats, reste donc 300 hommes.
Des "vieux briscards" des légions de Beon (250 hommes) et Damas (150) ainsi que des 150 rescapés du régiment de Salm.
Les 150 soldats du régiment d'infanterie légère de Périgord complètent cette maigre mais valeureuse troupe. (Périgord a été constitué en Hollande en 1794 mais n 'a guère eu l 'occasion de se battre. On y trouve surtout des gentilshommes émigrés.)

L'armée quitte l'Angleterre le 16 juin 1795 à bord d'une véritable armada et avec une véritable fortune en équipements de toutes sortes. Contrairement à toutes les espérances, on ne débarquera pas en Vendée (ou attendra en vain Charette) mais en Bretagne près de Carnac et Quiberon. 15 000 chouans, menés par Cadoudal, Mercier et Tinteniac accueillent les émigrés, fous de joie de fouler à nouveau le sol de France. A cette époque, chez les bIancs comme chez les bleus, on apprend à découvrir la notion de patriotisme, même si eIle ne s'exprime pas de la même manière !
Mal commandée. Hésitante, rongée par la défiance mutueIle entre chouans et émigrés, minée par Ies conflits internes, l'expédition après quelques succès, piétine puis recule et s'enferme dans la presqu'île de Quiberon qui devient rapidement une véritable souricière. Tous les efforts des blancs pour faire sauter le verrou restent vains et les pertes sont sévères. En face, il y a Hoche bien secondé. L'échelon de Sombreuil ne débarque que pour la débâcle finale du 21 juiIIet , magistralement orchestrée par le jeune général républicain. Puisaye s'enfuit, D'Hervilly est blessé, Sombreuil se rend, croyant en une illusoire clémence républicaine vite détrompée. 6 300 hommes sont capturés, les chouans sont en général libérés, mais lâchés par le représentant Tallien et malgré Hoche, 751. prisonniers sont fusillés dont 629 émigrés.
Les rescapés, récupérés en catastrophe par les vaisseaux Anglais de l'amiral Warren, sont débarqués sur l'île d'Houat, puis rejoignent l'île d'Yeu ou prennent pied, le 30 septembre, le comte d' Artois, accompagné des hussards de Warren et de Choiseul, des uhlans britanniques et de 5 000 soldats Anglais. Hoche veiIle et seules armes et munitions parviennent à Charette.
Un mois plus tard, le "corps expéditionnaire" se replie définitivement en Grande-Bretagne. Les survivants de Béon (37), Damas (14), Périgord (16), Rohan (83) et Salm (18 ) sont incorporés au Loyal-émigrant (97 hommes). En novembre, l'unité compte 310 présents et 347 en décembre, mais seulement 70 nobles.
Le régiment d'Hervilly (207) est licencié le 24 décembre 1795 (D'Hervilly est mort le 4 novembre). Du Dresnay (43) et Hector (80) suivent le même chemin, beaucoup d'hommes rejoignent les régiments de Castries et Mortemart.
Les hussards de Warren (40) sont licenciés le 24 janvier suivant. Rotalier et ses 440 survivants sera réorganisé en 1796.


Dernière édition par le Sam 3 Mar - 18:56, édité 1 fois
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PaquitoSan
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MessageSujet: Re: 1795 Juillet 21 - Quiberon   1795 Juillet 21 - Quiberon EmptyVen 2 Mar - 7:05

16 juin 1795, quittant Portsmouth et Southampton, une importante escadre Britannique met à la voile. II y a là, la frégate la "Pomone", 44 canons, sous les ordres du commodore Warren, chef maritime de l'expédition, trois vaisseaux de ligne: le "Standard", 64 canons, le "Thunderer" et le "Robust", 74 canons chacun, ainsi que six autres frégates et une dizaine de navires de guerre plus légers, le tout escortant 97 bâtiments de transport. A bord, on trouve 20 000 uniformes, 30 000 fusils, des munitions, 18 canons et des vivres à foison ainsi que deux millions en pièces d'or et dix millions en (faux) assignats fabriqués à Londres. On trouve aussi et surtout un peu plus de 3 000 hommes, tous français.
Cette petite troupe ne doit rien moins que chasser la république née de la révolution et restaurer les Bourbons sur le trône de France ! On a, pour ce faire, péniblement constitués cinq régiments ou se côtoient des hommes d'origine pour le moins diverses: Nobles émigrés tout d'abord, civils ou militaires, qui, pour la plupart, d'asile en refuge, ont finalement "'échoués" en Angleterre, mais qui, malgré leurs vicissitudes, ont une foi inébranlable en la victoire. Rescapés du soulèvement de Toulon ensuite, canonniers, soldats et insurgés royalistes. Des navires anglais leur ont permis de fuir la France, d'autres les ramènent. lIs ont un compte à régler avec la république ! Des prisonniers bleus enfin, facilement recrutés sur les pontons ou ils croupissaient après leur capture et à la loyauté des plus douteuses.


Voici la composition de ces unités:
Loyal Emigrant (ou La Châtre): 250 émigrés
Royal Louis (ou D'Hervilly) 1 318 hommes dont 600 toulonnais, 600 ex-républicains et 118 émigrés. (On lèvera un escadron de cavalerie, les "hussards de Warren", 63 hommes parmi ce régiment et les chouans)
Du Dresnay (ou de Léon) : 500 ex-républicains et 60 émigrés, tous bretons
Royal marine (ou Hector): 300 émigrés (ex officiers de marine), 200 toulonnais, 200 ex-républicains
Rotalier (Royal artillerie): 500 toulonnais, 66 émigrés
A quoi on doit ajouter 40 officiers émigrés qui devront encadrer les chouans et les 20 ingénieurs de Lengle de Moriencourt
soit: 854 émigrés, 1 300 toulonnais, 1 300 "bleus", au total 3 454 hommes


Quelques compagnies d'infanterie britannique complètent cette "armée" encadrée par… deux chefs.
Le comte de Puisaye, tout d'abord, 40 ans, il est en Angleterre depuis 8 mois et avec l'assentiment du ministre Anglais Pitt, il est à l'origine de cette expédition. Il possède une note datée du 6 juin du secrétaire d'état Henry Dumdas lui en confiant le commandement.
Le comte d'Hervilly a lui 39 ans, il est maréchal de camp de Puisaye. Il a émigré après le 10 août 1792 (prise des Tuileries). Il a en sa possession une note de l'amirauté Anglaise du même 6 juin le nommant "à la tête des troupes soldées".
Dès le début, les deux hommes se heurtent et s'opposent verbalement, parfois très violemment. Cette rivalité que l'on peut soupçonner voulue aura de funestes conséquences.
L'objectif de cette expédition hétéroclite est la baie de Quiberon et la plage de Carnac en Bretagne, au grand désespoir du chevalier Charette qui se bat toujours en Vendée. Avec ce débarquement, il espérait bien soulever tout le pays qu'il juge, à juste titre semble t'il, plus favorable que la cote Bretonne . Puisaye lui-même croyait bien arriver en Vendée et ne cache pas sa surprise ! ! ! Surprenant pour un chef d'expédition que de ne pas en connaître la destination finale ! ! ! .

L'armada est tout d'abord retardée par des vents contraires, puis essuie une violente tempête pour être finalement attaquée le 22 juin par les quatorze vaisseaux de ligne de l'amiral Villaret de Joyeuse sortis de Brest. Les anglais ont reçus le renfort de l'escadre de Lord Bridport et la marine de la république n'est plus que le fantôme de celle de Louis XVI. Finalement, après avoir perdu trois navires (le « formidable », le « Tigre » et « l’ Alexandre » qui sont capturés), l'amiral français est contraint de se réfugier à Lorient.
Enfin le 25 juin on parvient à Quiberon. Les quelques centaines de bleus qui tiennent le tumulus Saint-Michel à Carnac sont mis en déroute par les chouans de Cadoudal et Mercier, 200 républicains restent sur le terrain. Les garnisons de la presqu'île ne bougent pas. Le chevalier Vincent de Tinténiac, le « loup blanc » hisse sa chemise en haut d'une perche. Après bien des atermoiements dus à d'Hervilly le débarquement peut avoir lieu. II commence le 27. Le plan prévu est le suivant: laisser dans la presqu'île le matériel sous la garde des troupes émigrées et des vaisseaux Anglais. Armer les Bretons, les encadrer, et en avant sur plusieurs colonnes, objectifs la Mayenne, puis Rennes, puis Nantes…

D'Hervilly intervient, conteste les ordres. On envoie un message en Grande-Bretagne, et en attendant la réponse qui départagera les deux chefs… on attend !

Sur les plages, des milliers de paysans des régions voisines et de 12 à 15 000 chouans accueillent le premier échelon du débarquement, dont les républicains « repentis ».

1 300 hommes sont encore en mer sous les ordres du comte de Sombreuil.

Pour le moment tout va plutôt bien, on fait bombance, on chante, on célèbre la messe à la mémoire du défunt petit Louis XVII. C'est monseigneur Du Mercé et ses quarante prêtres tout juste débarqués, qui officient, mais seuls Puisaye et son état-major sont présents. D'Hervilly et quelques-uns de ses officiers, écoutent une messe séparée à Carnac, pas question pour eux de se mêler aux « va nu pieds » ! De fait, les relations entre émigrés et chouans sont plutôt froides, les premiers méprisent ouvertement les seconds qui le leur rendent bien, un bon climat pour faire la guerre ensemble ! C'est qu'ils ont une drôle d'allure ces paysans aux yeux de la majorité des émigrés : visages burinés, longs cheveux, grand chapeau, veste brune ou grise, braies courtes et larges (les "Bragou Braz"), guêtres de cuir, sabots ou souliers ferrés, et puis les sacré-coeurs sur la poitrine ou en brassard, les chapelets, les médailles et les cocardes blanches. Une bien curieuse armée qui ne ressemble certes pas à ce qu'ils ont connu dans les troupes royales !

On s'organise un peu tout de même , les six divisions chouannes de Cadoudal, Mercier, D'Allègre, Jean Jan, Lantivy et St Régent sont regroupées en trois brigades sous Tinténiac. Bois Berthelot et Vauban et établies en avant-postes entre Hennebont et Auray. Dans cette dernière localité, la garde nationale. 400 hommes commandés par maître Glain. notaire de son état, passe aux blancs avec armes et bagages. Elle combattra sous le nom de "bataillon d'Auray".


Du coté royaliste, on bouge enfin ce même jour pour déloger les forces républicaines de la presqu'île et notamment les 450 soldats du fort Penthièvre. Puisaye , 200 hommes du Loyal-émigrant et 600 chouans attaquent au sud. D'HervIlly et son régiment par la falaise. Les bleus, à court de vivres, se rendent sans résistance et 300 s'enrôlent chez les blancs. Ils sont versés au corps de D'Hervilly ou se trouvent déjà une bonne partie des ex-républicains. D’Hervilly leur rend tout naturellement la garde du fort . On croit rêver ! Le drapeau blanc flotte maintenant sur le fort Penthièvre... mais aux côtés du drapeau britannique, encore une maladresse vis à vis des chouans.

Pendant ce temps, Hoche passe à l'offensive et lance, le 29 juin, le chef d'escadron Guérin et un millier d'hommes sur Auray. Les chouans et le bataillon d' Auray , toujours vêtu de bleu mais portant la cocarde blanche, en tuent plus de 300. Le lendemain l'artillerie républicaine écrase la localité. Auray tombe. Alors que les chouans se battent farouchement sous Cadoudal à Ste barbe, d'Allegre au tumulus St Michel et le comte de Vauban au centre, que font donc les émigrés ? Enfin Puisaye et D'Hervilly semblent d'accord pour attaquer le 6 Juillet. Quatre régiments et 5 000 chouans, près de 8 000 hommes au total s'avancent. Soudain d'Hervilly fléchi et ordonne la retraite, à la fureur de Puisaye et Cadoudal qui s'exclame: « Ces monstres d'émigrés, la mer aurait du les engloutir avant qu'ils n'arrivent chez nous ! » Les troupes soldées se replient donc. Les chouans restent seuls pour protéger 30 000 paysans qui s'engouffrent à leur tour dans la presqu'île. Le 7 juillet, Sainte barbe qui contrôle l'entrée de ce piège est entre les mains de Hoche qui peut écrire : « Les anglais, les émigrés et les chouans sont enfermes à Quiberon... ainsi que des rats dans une ratière. dans quelques jours, nous serons victorieux... » La bataille se poursuit le 8, mais la trahison de trois compagnies du Royal-Louis, composées d'ex-prisonniers fait échouer l'attaque Royaliste. D'Hervilly, une fois encore, ordonne la retraite.



En face les bleus ne restent pas inactifs, Hoche, qui les commande, n'avait le 27 juin que 3 000 hommes, dans le Morbihan, le 3 juillet il en a déjà 13 000 dont la légion Nantaise, sous les ordres des généraux Humbert, Krieg, Mesnage... L'avance des troupes républicaines est, comme trop souvent dans ces terribles guerres fratricides de l'ouest, et comme le déplorera d’ailleurs Hoche lui-même, jalonnée de massacres, pillages et viols.

Son attitude mérite que l'on s'y arrête un moment. D'Hervilly est le jouet de l'abbé Brottier et de l'agence royale de Paris, tous deux ennemis de Puisaye. Le 27 juin, Brottier a envoyé une lettre à d'Hervilly "au nom de sa majesté Louis XVIII...et en celui de SAR Monsieur le comte d' Artois..., M. d'Hervilly ...s'attachera à ne pas compromettre la vie de ces gentilshommes dans les actions à travers le pays insurgé… pour laisser à M de Puisaye le temps de démasquer ses plans, que tout porte à croire hostiles au rétablissement de la branche aînée des Bourbons. M d'Hervilly se tiendra sur une prudente réserve..." En plus de Brottier, il faut également compter sur les espions de Hoche comme Mme de Greco sa maîtresse et l'épouse d'un des émigrés débarqués, le vicomte de Pontbellanger . Le général républicain manipulait 'il les agents royalistes locaux "au nom du Roi et de l'agence" ? II semble de plus établi que Hoche connaissait tout ou partie du projet de débarquement dont les plans étaient tombés entre ses mains quatre mois plus tôt, saisis à Erquy sur le comte de Vasselot, débarqué là pour rassembler les chouans (Vasselot fut fusillé).

En attendant, chez les pauvres royalistes, combattants ou civils, bien éloignés de ces manigances, le désespoir s'installe. Tinténiac et Cadoudal font alors accepter aux deux chefs rivaux un plan audacieux : attaquer Hoche sur ses arrières. Pour ce faire, deux détachements de 3 500 chouans chacun seront débarqués, l'un sous leurs ordres, à Sarzeau avec une compagnie du Loyal émigrant, l'autre sous le commandement de Jean Jan et Lantivy au Pouldre, à l'ouest. Les deux groupes devront faire leur jonction à Baud le 14 juillet et attaquer Hoche le 16. Le départ est fixé pour la nuit du 10. On espère que les bretons se joindrons en nombre à ces troupes équipées et habillées par les Anglais et que l'on appellera "l'armée rouge". Ceci amuse tout d'abord les chouans, peu habitués aux uniformes, puis être pris pour « des anglais » leur déplait ensuite profondément !
Pour le 16, Puisaye et d'Hervilly préparent le grand assaut de leur coté: Vauban et ses chouans débarqueront à Carnac, d'Hervilly et les régiments émigrés attaquerons de front. Sur ces entrefaites, Le deuxième échelon de l'expédition arrive enfin. II s'agit de la division à cocarde noire du comte de Sombreuil, 1 300 émigrés (environ), répartis en diverses unités:



régiments de Damas, 150 hommes,

de Rohan-infanterie, 300 soldats,

de Salm, 150

légion de Béon, 250,

Légion du Perigord, 150,

plus les 200 hommes du bataillon des vétérans de Colomban de Rossel (partie du Loyal émigrant). Soit au total 1 250 officiers et soldats.



Faute d'embarcations, elles sont toutes requises pour les divers transferts, la division ne peut cependant débarquer et donc participer à l'action, seul Sombreuil sera présent le 16.

16 juillet, trois heures du matin, la "folIe ruée" commence. Vauban a débarqué à Carnac et progresse. Les émigrés chargent au cri mille fois répété de "vive le roi ! ! ! " Le général républicain Lemoine, Hoche se trouve alors à Vannes, fait reculer ses troupes, les blancs s'avancent mais tombent sur vingt canons qui les fauchent, c'est la confusion, ordres et contre-ordres se croisent, d'Hervilly est grièvement blessé. Sombreuil et Puisaye tentent de regrouper leurs forces qui se débandent. Les bleus contre-attaquent et sont seulement stoppés par le feu des canonnières anglaises. Si 300 républicains ont été tués, 1 200 royalistes restent sur le terrain, dont de nombreux blessés qui seront achevés et dépouillés. Quand à Vauban il a rapidement été rejeté à la mer.

Et « l ‘armée rouge » ? Tinténiac, Cadoudal et les autres ? Le premier groupe sous Jean Jan a bien pris Pont-Aven, mais, gêné et désorganisé par de nombreux réfugiés, il s'est rapidement disloqué. Le deuxième groupe de Tinténiac est, le 14 juillet, bien près du lieu de rendez-vous, mais voici un messager de l'agence de Paris, changement de plan, il faut aller vers le nord au château de Coetlogon ou on l'y attend. Tinténiac hésite, mais pressé par les officiers émigrés qui encadrent les chouans et contre l'avis de ces derniers, il se décide: "allons-y, on sera tout de même le 16 à Sainte-barbe". Les bleus sont bousculés et la ville de Josselin est prise le 15. Le lendemain on parvient au château. Pas d'ordres, pas d'important personnage mais un festin pour les officiers émigrés ! Le rendez- vous est manqué. A Quiberon c'est le désastre que l'on connaît. Soudain le 17, les 3 000 républicains du général Champeaux surgissent. " trahison" hurle Cadoudal, les chouans parviennent à culbuter les bleus, mais Tinténiac est tué. L"armée rouge", qui ne l'est plus car les uniformes anglais ont rapidement finis aux orties, va connaître bien des combats et des vicissitudes avant de rentrer chez elle sous le commandement de Georges Cadoudal, mais ceci est une autre histoire...
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MessageSujet: Re: 1795 Juillet 21 - Quiberon   1795 Juillet 21 - Quiberon EmptySam 3 Mar - 12:09

Bonjour François, Franck et les autres Smile

Un chiffre s'est transformé en « smiley » dans le texte historique. Smile

Amicalement,
Thierry.


Dernière édition par le Lun 5 Mar - 4:51, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: 1795 Juillet 21 - Quiberon   1795 Juillet 21 - Quiberon EmptySam 3 Mar - 18:54

c'est moi qui l'ait mis ici ce texte mais il est dans l'attente d'etre traiter... je le fais souvent et reconnais bien volontier que ce n'est pas moi et que l'auteur a du mérite... c'est une sorte de récape de documents que je glisse pris à gauche à droite (voir à un seul endroit ici).

Pour les Moutons noirs et marchand de cerises, c'est également dans tes règles que j'ai pris ce titre d'unité sans pour autant en savoir la signification... comme je disais le contenu de l'ordre de bataille vendéen est une hypothèse fondée sur les chiffres approximatifs vus dans les différents documents et sur les règles de jeux proposant un ordre de bataille...

Si tu as des précisions à apporter (et si tu le souhaites) je t'en pris fais le cela servira au document final.

D'ailleurs si tu as également des données sur l'armée de mayence, Franck B. en cherche.

J'effacerais donc ce message apres que tu ais effacé la partie apres les pointillets. Wink

Merci pour la coquille
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